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HARRY   POTTER 

 ET   LA   CLEF  DE   LA  PAIX

 

CHAPITRE 112 – EXPLOSIONS ET COUPS DE FOUET

 

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Harry était très enthousiaste à l’idée d’essayer de convaincre les deux esprits frappeurs de tout faire pour rendre la vie difficile aux J.M.P., il avait besoin d’un peu de folie dans sa vie à Poudlard, au milieu des cours et des entraînements.

Mais Fred et George n’étaient pas là, et ils prévinrent Mrs Weasley qu’ils reviendraient ce soir.

      Une minute ! dit-elle alors qu’ils s’apprêtaient à partir.

      Quoi ? demanda Ron.

      Pourquoi est-ce que vous voulez voir Fred et George ? Vous ne seriez pas en train de préparer un mauvais coup ?

      Non, intervint Hermione, on a besoin d’écharpes magiques aux couleurs de Gryffondor pour le Club de Duels.

Hermione acquiesça de la tête pour paraître plus convaincante et ses amis firent de même. Cela n’empêcha pas Mrs Weasley de penser qu’ils se moquaient d’elle. Mais si elle ne pouveait pas faire confiance à Hermione, alors elle ne pouvait faire confiance à personne.

 

      Bonjour ! dit Lupin sur un ton un peu morne, alors que les élèves entraient dans la salle pour le double cours de Métamorphoses.

Cette fois, les Gryffondor étaient avec les Serpentard et Harry aurait l’occasion de surveiller les J.M.P..

      Compte-tenu des évènements du week-end, expliqua Lupin, on peut comprendre que vous ne soyez pas au point pour vos exposés, vous les présenterez donc à partir de la semaine prochaine. Néanmoins, si certains les ont terminés et tiennent à passer aujourd’hui, ils le peuvent.

Mais personne ne se proposa. Les exposés étaient complètement sortis de la tête d’Harry, bien qu’Hermione s’en fût occupée brièvement ces deux dernières soirées.

      Nous tenons à vous rappeler l’importance des sortilèges Protéiformes dans votre préparation aux ASPIC, expliqua Tonks. Vous devez les connaître par cœur et savoir parfaitement les exécuter. C’est pourquoi vous allez dans un premier temps répondre à un questionnaire en deux parties pendant une heure. La première partie concerne la connaissance stricte des sortilèges Protéiformes, la seconde est un exercice plus original et pratique, vous devrez décrire ce que vous feriez dans certaines situations concrètes.

Ce fut de loin le devoir le plus raté par Harry depuis le début de l’année, il n’avait pas révisé le cours de la semaine dernière, et avait répondu un peu au hasard à certaines questions. Il se rappelait très bien de ce cours sur le sortilège Protéiforme : cet après-midi-là, le Ministère était à deux doigts de tomber face aux manifestations, et il n’avait pas vraiment été très concentré.

Bref, il était content d’en finir quand Lupin annonça que le temps était terminé, car cela faisait un quart d’heure qu’il se tournait les pouces.

La deuxième partie du cours fut consacrée à de la pratique. Ils s’entraînèrent une nouvelle fois au sortilège de Têtenbulle avant d’aborder certains sortilèges de Métamorphoses d’Apparence. Il ne s’agissait pas de métamorphoser réellement l’objet, mais d’en métamorphoser l’image, et certaines illusions en faisaient partie. Ils se contentèrent aujourd’hui d’utiliser certaines formules simples pour changer la couleur d’objets, ou pour changer leur taille apparente.

      La prochaine fois nous travaillerons sur les sortilèges de Désillusion, dit Tonks à la fin du cours. Nous vous demandons un court essai d’une vingtaine de centimètres de parchemin pour les présenter. Et bien sûr, n’oubliez pas vos exposés !

 

Les duels étaient consacrés ce soir aux quatrième et aux cinquième année, et Harry, Ron, Hermione et Ginny passèrent la fin de l’après-midi à l’appartement des Weasley, et ils furent rejoints un peu plus tard par Lupin et Tonks.

Ils purent discuter avec Mr Weasley qui était rentré tôt ce soir-là. Depuis qu’il avait quitté la Direction du Département des Sécurités Magiques, il n’avait plus autant de travail et de responsabilités, et cela semblait faire plaisir à Molly qui voyait ainsi son mari plus souvent.

      Comment ça se passe, au Ministère ? demanda Harry.

      On aurait pu penser que ce serait pire, répondit Arthur. Ils ont seulement placé aux postes les plus importants des Sang-Pur. Mais ils n’ont pas pris de véritable décision, ça s’est fait discrètement.

« Et puis Joe Jigger n’a pas l’air méchant en réalité, j’ai passé deux journées entières dans son bureau à réparer une fenêtre magique qui n’avait en fait pas de problèmes. Il m’a seulement dit que le ciel n’était pas assez bleu à son goût. Mais je n’ai rien pu y faire, et j’ai l’impression que c’était un prétexte pour me parler. J’ai quand même bien du mal à croire que c’est un Mangemort.

      Arthur, je t’ai déjà dit de te méfier, prévint Lupin. Il peut faire semblant d’être gentil pour te soutirer des informations.

      Je le sais bien Remus, je fais attention. Mais il n’a pas l’air de vouloir savoir nos plans, il me parle sans arrêt de Fred et George, et il passe la journée à me proposer de manger des bonbons, il appelle ça des « haribos ».

      C’est étrange, c’est vrai, admit Lupin, et je ne suis pas sûr que Voldemort serait très content s’il savait ça. Je me demande comment il a fait pour le convaincre de le laisser devenir Ministre.

      Il est peut-être sous Imperium, dit Molly.

      Non, Voldemort ne mettrait pas quelqu’un sous Imperium à la place de Ministre, répondit Lupin. Il veut quelqu’un capable de prendre des décisions sans qu’il ait à s’en occuper. Mais même s’il ne donne pas l’air de pouvoir être un Mangemort, il faut s’en méfier, il joue peut-être un jeu pour te tromper, Arthur. Il ne faut pas oublier qu’il a soumis un employé qui ne voulait pas obéir au maléfice Doloris.

      Comment ça ? demanda Harry.

      C’est un employé du Département de l’Information qui refusait catégoriquement d’écrire de mensonges dans la Gazette du Sorcier, Joe Jigger lui a appliqué le maléfice Doloris devant tous ses collègues. D’ailleurs, le Ministère a repris la Gazette, c’est maintenant directement lui qui rédige les articles, après approbation de Voldemort.

      Oui j’ai vu que c’est de pire en pire dans le journal, répondit Hermione. Ils n’hésitent pas à écrire des faux témoignages pour accuser Harry et l’Ordre du Phénix de diverses horreurs. J’ai l’impression que pour l’instant les gens ne le croient pas trop, mais l’opinion publique va finir par changer de camp, c’est à craindre.

      Et Voldemort, il est venu en personne au Ministère ? demanda Harry.

      Il paraît qu’il est venu, répondit Arthur, c’est ce que certains Mangemorts ont dit, mais je ne le crois pas. En tous cas, le Hall a été complètement refait, tout est beaucoup plus sombre maintenant, et il y a une immense statue de lui en son centre, avec un gros serpent.

      Et ça ne dérange pas les gens ? s’insurgea Harry.

      Tu sais, au début ça les a surpris, mais ils s’y sont faits et n’y font même plus attention, répondit Arthur.

Harry se mit les mains sur la tête en fermant les yeux pour assimiler ce que Mr Weasley venait de dire. Décidément, les gens étaient tellement facilement manipulables.

 

Ils stoppèrent leur discussion sur le Ministère à l’arrivée de Fred et George, qui furent très heureux de voir leurs amis.

Pendant que les adultes poursuivirent leur discussion sur le Ministère, ils en profitèrent pour se mettre à l’écart et discuter de leur plan.

Fred et George parurent très enthousiastes quand Harry leur raconta ce qu’ils comptaient faire.

      Mais bien sûr, on va les convaincre ! ricana Fred.

      Je suis sûr qu’ils désobéiraient au Baron Sanglant si on le leur demandait, ajouta George.

      Sérieusement, reprit Fred, en leur offrant une boîte de Feufoux Fuseboom, ça passera facilement. Il suffira de leur expliquer comment s’en servir et les J.M.P. le regretteront amèrement.

      Alors si on leur dit de venir quelque part par ici demain soir pendant le repas pour que personne ne puisse vous surprendre, vous pourrez y être ? demanda Harry.

      Bien sûr ! répondirent les jumeaux d’une même voix.

      Génial ! dit Ron.

      Mais vous n’oublierez pas de nous décrire la scène !

      Alors on leur dit d’être ici à dix-neuf heures trente ?

      OK !

Hermione n’était pas très convaincue de l’intérêt de cette opération, et elle savait qu’ils seraient immédiatement accusés de tout acte allant à l’encontre des J.M.P.. Mais Fred et George n’étaient jamais vraiment partis de Poudlard, et ils restaient les chefs d’orchestre de toute forme de rébellion qui y subsistait, et ils furent très heureux qu’Harry et Ron pensent immédiatement à eux pour cela.

 

Une nouvelle fois, les deux esprits frappeurs avaient fait irruption dans la Grande Salle pendant le repas, et Rogue s’était fait un plaisir de terminer de vider le sablier des Gryffondor, alors qu’ils avaient renversé toujours la même table.

Les J.M.P. éclatèrent une nouvelle fois de rire, et Harry ne put retenir un sourire, se disant « rira bien qui rira le dernier ».

 

      Potter, faites un effort de coiffure ! siffla Rogue en passant à côté de lui à la fin du repas. Je ne veux plus vous voir sortir de votre salle commune avec une coiffure aussi négligée.

Puis il abaissa la voix et siffla ces quelques mots entre ses dents :

      Vingt-et-une heures, dans mon bureau.

Il haussa la voix à nouveau et dit avec un ton sarcastique.

      Cinq points de m… ah, dommage, je ne peux plus.

 

Ils attendirent vingt-et-une heures dans la Salle du Phénix, où ils reprirent brièvement et sans conviction leurs recherches sur la Clef de la Paix. Ce fut une nouvelle fois un échec, et il semblait qu’aucun livre ne voulait parler d’elle… mais il en restait tant à explorer !

L’entraînement avec Rogue fut quasiment en tout point similaire à celui de la veille. Harry n’avait fait strictement aucun progrès en ce qui concernait l’exploration de sa baguette magique, mais il maîtrisait maintenant beaucoup mieux le Bouclier de la Capsule Vertical, et il en était content.

 

Comme tous les soirs au moment de s’endormir, Harry réfléchit à Abelforth, et à Joe Jigger. Ce que Mr Weasley avait dit tout à l’heure l’avait finalement rassuré. Joe Jigger semblait atteint du même genre de folie que les Dumbledore ou qu’Octave Melodge, et cela suffisait à prouver à ses yeux le fait qu’ils se connaissaient depuis longtemps. Quant au fait qu’il ait soumis un employé au maléfice Doloris, peut-être avait-il voulu le faire croire afin de prouver sa loyauté envers Voldemort…

 

La journée du lendemain n’était pas très intéressante, ils commençaient par un cours d’Histoire de la Magie avec le passionnant professeur Binns, puis avaient un cours de Soins aux créatures magiques avec Hagrid, et enfin, ils devraient renouer l’après-midi avec les cours de Divination et d’Astronomie.

      Divination avec Trelawney ! s’insurgea Hermione lors du petit-déjeuner. Comme si on n’avait que ça à faire !

      Avec Trelawney ? s’étonna Harry. Je croyais qu’Abelforth la retenait, murmura-t-il pour que seuls ses amis ne l’entendent.

      Il faut croire qu’il lui a permis de revenir ici, répondit Hermione en haussant les épaules.

      Mais c’est suicidaire avec tous les Mangemorts qui traînent ! dit Harry, se retenant d’hausser le ton.

      Il doit avoir une bonne raison, intervint Ron.

Harry ne répondit pas, il bouillait à l’intérieur de lui-même. Il aurait bien aimé être mis au courant, et ne pas être une simple pièce d’un immense mécanisme construit par Abelforth pour vaincre Voldemort. Après tout, il risquait sa vie dans ce combat.

Il réfléchit à tout cela pendant le cours du professeur Binns et Hermione n’avait cessé de lui lancer des regards inquiets tout en se passionnant en même temps pour le cours.

Les élèves étaient dans l’ensemble très heureux d’avoir trouvé un cours dans lequel ils pourraient enfin se permettre de ne pas écouter, et Hermione et Egogonde avaient eu toutes les peines du monde à entendre leur professeur-fantôme alors que tout le monde discutait joyeusement autour d’eux.

A la récréation de dix heures, ils n’eurent aucun mal à trouver Peeves et Pooves qui avaient déversé des seaux remplis de grenouilles dans le couloir du troisième étage, déclenchant un concert de croassements.

Ils parvinrent à les attirer à l’écart de la foule et les esprits frappeurs se firent un plaisir de les poursuivre.

Une fois arrivés dans un endroit où ils ne seraient pas entendus, ils tentèrent de les convaincre, ce qui n’était pas chose facile.

      Hey, écoutez-nous ! leur dit Harry, en essayant d’éviter les grenouilles que les esprits frappeurs lui envoyaient.

      Ahaha hihihi ! Le petit pote Potter veut nous parler !

      Ecoutez-moi ! cria Harry. Fred et Georges veulent vous voir ce soir à dix-neuf heures trente dans le couloir du quatrième étage.

      Fred et Georges Weasley ! s’exclamèrent les deux esprits frappeurs comme s’ils parlaient de leurs maîtres absolus.

      Vous irez ? demanda Harry.

      Ah oui ! Hihihi !

      Merci ! répondit Harry.

Et ils partirent sans que Peeves et Pooves ne songent à les poursuivre.

 

Le cours de Soins aux créatures magiques était commun avec les Serpentard, et Harry, Ron et Hermione nourrissaient beaucoup d’appréhensions. Ils se demandaient comment Hagrid allait s’en sortir face à des J.M.P. qui allaient certainement faire tout pour lui rendre la vie impossible.

Il faisait un temps glacial dehors, et l’arrivée de la neige était imminente. Le vent s’engouffrait dans leurs habits et le froid les paralysait. Tout cela avait tout pour couper le peu d’envie qu’ils avaient de venir à un cours qui s’annonçait ennuyeux.

Mais Hagrid, pour ses retrouvailles avec Harry, Ron et Hermione, avait décidé de mettre un peu de piment à ce cours en leur faisant étudier des Crapauds Explosifs.

Au plus grand soulagement d’Harry, cependant, les J.M.P. avaient préféré s’absenter, ils avaient probablement d’autres choses à faire, et le cours se passa donc sans incident, si ce n’est que les Crapauds Explosifs avaient tenté de s’enfuir en sautant par-dessus les palissades.

Ces Crapauds étaient très imposants et certains mesuraient jusqu’à un demi-mètre. Sur le dos, ils avaient des sortes de croutes qui crépitaient fortement lorsqu’on s’en approchait.

      Vous savez, dit Hagrid, enthousiaste, ces Crapauds sont très utiles ! On va essayer de récupérer leurs œufs, leur coquille est utilisée par les Guérisseurs pour soigner les brûlures !

Mais en une heure et demie, ils avaient à peine réussi à les enfermer dans le nouvel enclos qu’Hagrid leur avait préparé. Même à travers les gants de protection qu’ils avaient portés, les explosions étaient assez violentes et il avait été difficile de les tenir sans devoir les lâcher.

      Alors ? demanda Hagrid à la fin du cours, alors qu’Harry, Ron, Hermione et Neville avaient attendu le départ de leurs camarades pour lui parler. Ils sont charmants, non ? Je les ai fait venir spécialement du Sahara.

      Ah, oui, ils sont très… intéressants, répondit Hermione.

Mais Hagrid n’entendit pas sa réponse et se mit à pleurer à chaudes larmes.

      Qu’y a-t-il ? demanda Hermione, attentionnée. Il y a un problème avec Graup.

Hagrid nia de la tête avant de se moucher bruyamment dans un mouchoir qui avait la taille d’une nappe.

      Dites-nous ce qui ne va pas, supplia Hermione.

      C’est… tout ce qui se passe… On ne devrait pas rester ici… tant que… tant que… ce criminel… est là ! Il a tué Dumbledore ! tonna-t-il.

      C’est vrai, répondit Harry. Mais Dumbledore aurait voulu que nous restions pour lutter contre lui. Si nous fuyons, nous n’aurons plus aucune chance de  vaincre Rogue. Mais si l’on reste ici et que l’on lutte pour sauver Poudlard, nous finirons par l’arrêter !

      Oui, tu as raison, Harry, répondit Hagrid en séchant ses larmes. On luttera et on sauvera l’école de ces criminels.

      Tout à fait ! confirma Harry, pour le motiver.

      Merci, dit alors Hagrid en leur souriant. Je déprimais un peu en ce moment…

      On va s’en sortir, le réconforta Hermione.

      Allez, vous devriez filer au repas ! Vous allez être en retard.

 

Les esprits frappeurs ne s’étaient cette fois pas présentés lors du repas, ce que tout le monde remarqua, et Rogue parut un peu déçu de ne pas avoir pu donner de punition supplémentaire aux Gryffondor.

Cependant, et cela surprit Harry, ce furent les J.M.P. qui durent subir sa colère. Rogue avait appris qu’ils ne s’étaient pas rendus au cours d’Hagrid ce matin, et il le leur reprocha vivement.

      Cela vous amuse peut-être de manquer des cours ? Aussi idiots puissent-ils vous sembler, ils ne peuvent pas être plus idiots que vous ! Je vous avais prévenu que je ne laisserai plus rien passer, vous devez être parfaitement prêts à aider le Seigneur des Ténèbres, et ce n’est pas comme ça que vous allez le satisfaire !

Rogue aperçut alors Harry et se tourna vers lui.

      Potter, ça vous amuse d’écouter les conversations ? Vous passerez la nuit en retenue, je vous attends à vingt heures dans les cachots, Mr Weasley et Miss Parkinson vous ont laissé des crapauds à éviscérer. En attendant, écartez-vous de ma vue !

Rogue semblait être de très mauvaise humeur, et Harry se demandait quelle en était la part de simulation. Néanmoins, le moyen était efficace pour lui annoncer qu’il aurait une nouvelle leçon de dualomancie ce soir.

 

Ils se rendirent en avance à la tour Nord du professeur Trelawney car Harry voulait savoir pourquoi Abelforth lui avait permis de revenir à Poudlard, alors que le danger qu’elle encourrait était maximal.

A leur plus grande surprise, ils découvrirent Jack Jigger qui accompagnait le professeur Trelawney. Tous les deux étaient assis face à face dans des fauteuils.

      Harry ! s’étonna Jack Jigger. Vous êtes déjà là ! Bonjour !

      Harry Potter ! dit Trelawney en le regardant.

Elle se leva et se précipita sur lui, lui prenant la main et le regardant droit dans les yeux, à travers ses lunettes extraordinairement grossissantes.

      Mon garçon, vous courez un grave danger !

      Oui, je sais, répondit Harry, je vais m’étouffer ce soir en buvant un verre d’eau…

      Comment ? Comment avez-vous vu cela ? balbutia-t-elle.

Elle s’interrompit alors, ses yeux cessant de clignoter.

      Vous avez le Troisième Œil ! dit-elle d’une voix rauque.

      Mais bien sûr, répondit Hermione.

      Ecartez vous ! lui dit brusquement le professeur Trelawney, vous allez le perturber.

Elle se retourna vers Harry, les yeux humides.

      C’est terrible que vous deviez mourir ce soir… un tel talent ! S’il vous plaît, faites-moi une prédiction !

      Heu, dit Harry, qui se retenait de rire. Avec quoi ?

      Asseyez-vous ici !

Elle le fit s’asseoir devant une boule de cristal.

      Et bien euh, dit Harry, prenant un ton sérieux, je vois… attendez, qu’est-ce que c’est… ah… c’est terrible, le Sinistros !

Ron éclata de rire alors que Trelawney venait de s’évanouir.

Pendant un quart d’heure, elle sembla complètement sous le choc, et Jack Jigger lui fit boire de l’eau. Elle reprit ses esprits juste à temps pour le début du cours, mais elle avait les yeux humides et semblait prête à pleurer.

      Alors, Potter, il paraît que tu vas mourir ? demanda Pansy en passant à côté de lui quand elle entra dans la salle.

      Silence ! dit le professeur Trelawney d’une voix faible. Elle était assise sur une chaise, à côté de Jack Jigger qui était prêt à lui donner un verre d’eau au cas où elle s’évanouirait.

Elle regarda la classe avec des yeux humides et Lavande et Parvati semblaient tristes de voir leur professeur préféré dans cet état.

      Le Sinistros ! s’exclama-t-elle soudain ! Le Sinistros ! Mes chers enfants, c’est peut-être notre dernier cours ensemble…

      Ca c’est clair, répondit Ron en rigolant.

Lavande et Parvati se mirent à pleurer doucement.

      Mais ne vous inquiétez pas, quelqu’un est là pour me remplacer. Harry, j’espère que vous serez un bon successeur…

      Je croyais que tu devais mourir ce soir ? rigola Ron, à l’adresse de son ami.

      Professeur, ne nous laissez pas ! pleurnicha Lavande.

      Ma chère, ne vous inquiétez pas pour moi… je vois que vous allez vous sentir pousser des ailes, qui vous aideront à conquérir l’être cher !

Lavande se mit à glousser et des larmes de joie commencèrent à couler sur ses joues.

      Elles le font exprès, c’est pas possible, pesta Hermione.

      Mais malheureusement, j’ai du mal à lever les voiles de l’avenir, il y a de gros nuages noirs qui flottent dans la salle…

Tous les élèves levèrent la tête par réflexe avant d’éclater de rire.

Pendant de longues minutes, ils écoutèrent Sybille Trelawney se lamenter sur son sort et faire des prédictions plus saugrenues les unes que les autres. Elle n’avait cessé d’accuser Hermione du regard, considérant qu’elle perturbait son Troisième Œil.

Enfin, ils revinrent aux bases de la divination en lisant dans les tasses de thé, en s’aidant de l’Oracle des rêves. Seule Hermione avait refusé catégoriquement d’y participer et n’avait pas touché à sa tasse de thé.

Harry et Ron s’étaient prêtés au jeu, se disant que c’était après tout le dernier cours de Divination de leur vie.

Harry n’aurait habituellement accordé aucune importance à ces prédictions, mais lorsqu’il vit que sa tasse de thé lui disait qu’il allait « se brouiller avec un ami en qui il avait pourtant une énorme confiance », il ne put s’empêcher de penser à Abelforth. Enfin, quand elle lui indiqua que « ses ennemis allaient resserrer leur étreinte sur lui », il commença à s’imaginer que la situation allait empirer.

Il résolut de ne point parler de ces inquiétudes avec ses amis, car il savait qu’Hermione se ferait beaucoup de souci pour lui si elle savait que des prédictions aussi insignifiantes pouvaient le perturber. Mais le contexte était tellement tendu que toute pensée banale pouvait se transformer en peur, et il se résolut à ne pas y penser.

 

Les J.M.P. avaient mauvaise mine, ils n’avaient pas apprécié d’avoir été chahutés par Rogue, et surtout devant tous les élèves. Et le fait que ce dernier avait été très sévère avec les Gryffondor ces derniers temps n’y changeait rien : ils ne supportaient pas le fait que Rogue, qu’ils croyaient de leur côté, puisse s’opposer à eux d’une quelconque manière.

Le cours d’astronomie avec le professeur Sinistra avait été le cours de trop dans cette journée pour les élèves, et s’ils avaient eu la tête en l’air pendant tout le cours, cela n’avait pas été pour observer les étoiles dans le ciel magique qu’avait installé leur professeur, mais simplement la manifestation de leur besoin de décrocher de cette semaine intense et angoissante.

Hermione n’avait cessé de s’insurger auprès de ses amis qui n’écoutaient rien de ce que disait le professeur Sinistra ; selon elle, même s’ils n’avaient pas d’épreuve d’Astronomie aux ASPIC, il était considéré qu’il s’agissait de questions de culture générale, pouvant être posées dans n’importe quelle épreuve, et que vu le niveau de ses amis, ils feraient mieux d’écouter ce cours qui était parfaitement conçu pour leur rappeler les notions de base.

 

Mais Harry et Ron étaient très pressés de jouer leur prochain match du tournoi de Duels, et ils se précipitèrent en courant vers le couloir du troisième étage, suivis par une Hermione en colère parce qu’elle n’avait pas eu le temps de poser une question à propos de l’orbite de Jupiter au professeur Sinistra.

Les matchs du troisième tour furent d’abord terminés, et Harry, Ron et Hermione s’étaient déjà qualifiés pour les quarts de finale, ils ne jouèrent donc pas immédiatement.

      Et tout de suite, on enchaîne avec les quarts de finale ! Aha ! Je vous rappelle que le vainqueur du tournoi des septième année participera au tournoi des professeurs ! Les quarts de finale vous sont présentés par nos sponsors officiels, la Gazette du Sorcier et le Département des Sports et Loisirs Magiques !

Elle afficha le tableau des matchs dans le couloir, pendant que les élèves étaient partis se désaltérer à la cafétéria.

 

Tournoi du Club de Duels

Tableau Septième Année

Quarts de finale

 

[1] Potter, Harry (Gryffondor)

[8] MacMillan, Ernie (Poufsouffle)

[5] Thomas, Dean (Gryffondor)

[3] Weasley, Ronald (Gryffondor)

[4] Londubat, Neville (Gryffondor)

[6] Léger, Alix (Gryffondor)

[7] Andujar, Paul (Serpentard)

[2] Granger, Hermione (Gryffondor)

 

Les quatre matchs de la soirée s’annonçaient sublimes, et un grand nombre de professeurs étaient venus y assister, installés dans la tribune Directoriale aux côtés de Rogue.

Les Gryffondor étaient venus en nombre et avaient sorti leurs écharpes pour soutenir les six d’entre eux qui joueraient les quarts de finale.

      Premier duel, c’est incroyable ! Ernie MacMillan de Poufsouffle… affronte… le grand Harry Pot-Pot Potter !

Quand Harry entra dans l’arène, acclamé par tous ses amis et supporters, et copieusement sifflé par les J.M.P., Mrs Bett fit jouer du Wizard Rock à en casser les oreilles de toute la salle. Tout le château était là et vibrait au son de la musique.

Il n’était pas facile de se concentrer pour jouer un duel dans ses conditions et lorsque la musique cessa, les deux adversaires se saluèrent et commencèrent leur Duel.

Ernie était un adversaire difficile, mais il était peut-être un peu trop scolaire, et Harry essaya d’utiliser une tactique pour le déstabiliser.

Il dédoubla sa concentration et fit apparaître un immense Dragon de Feu tout en étant prêt à parer une éventuelle attaque, qu’elle vienne d’Ernie ou de Rogue qui était encore en face de lui.

Ernie lui envoya plusieurs éclairs variés qu’il repoussa avec des Boucliers d’Argent.

Puis il se protégea en faisant apparaître trois Dômes les uns par-dessus les autres, de manière à s’entourer d’une triple couche translucide.

Le premier se brisa sous l’influence d’un sort puissant qu’il n’aperçut pas et qui devait venir de Rogue.

Il jugea qu’il était alors temps d’utiliser sa tactique.

Il fit grossir son Dragon de Feu qui se dressa face à Ernie.

      Waterwhirloo ! pensa-t-il.

De l’eau déferla de sa baguette alors que les Dômes explosaient, et traversa le Dragon de Feu. Ernie se demanda un instant pourquoi Harry détruisait son propre enchantement.

Mais le Tourbillon d’Eau était tellement puissant qu’il sortit de la bouche du Dragon tel un tsunami et percuta Ernie de plein fouet, l’envoyant hors de l’arène tout en fracassant la tribune qui lui faisait face.

La vague heurta la tribune Directoriale qui s’effondra en partie et toute la salle resta circonspecte à la vision de Rogue qui s’était levé, trempé jusqu’aux os.

      Ahaha ! Superbe !

Mrs Bett déclencha la réaction de la foule qui éclata en cris et applaudissements. Harry alla aider Ernie à se relever. Il venait de se qualifier pour les demi-finales de la plus belle des manières.

On remit les tribunes en place pendant quelques minutes, et Mrs Bett repassa de la musique, puis ce fut le moment du duel entre Dean et Ron.

Ce duel fut beaucoup moins impressionnant, mais il fut passionnant et acharné. Ron et Dean s’échangèrent des éclairs à une vitesse impressionnante, et le premier qui commettrait une erreur la paierait cher.

Pendant deux minutes, les maléfices du Rayon Rose, les éclairs de Stupéfixion, les maléfices Electrisants et les sortilèges de Désarmement s’entrechoquèrent à un rythme effréné.

Mais Ron était mieux entraîné et enchaînait les sortilèges légèrement plus vite. Dean, lentement, dut se résoudre à repousser toutes les attaques de Ron pour ne pas perdre, et il finit par trébucher lorsqu’il reçut un Tourbillon d’Eau dans les pieds. Ron l’acheva avec un sortilège de Désarmement, et sauta de joie.

      Ahaha ! On aura une demi-finale de rêve entre Pot-Pot et Weasley qui voudra prendre sa revanche de la finale perdue lors du dernier tournoi ! Un sans faute pour les Gryffondor jusqu’à présent, et il y en aura un de plus en demi-finales ! Qui ? réponse tout de suite ! Neville Londubat face à Alix Léger ! Une autre revanche peut-être, Neville s’était imposé lors du dernier tournoi dans l’un des duels les plus longs ! C’est parti ! Ahaha !

Neville commença ce match en utilisant un sortilège d’Embrasement comme il aimait bien le faire. Mais Alix réagit très intelligemment en faisant la même chose. Ils se sauvèrent des flammes tous les deux à l’aide du sortilège de la Couverture Liquide et le combat reprit de plus belle.

      Sirodgrenadine ! Capellis ortens ! Manus ritornis !

Alix était toujours une adversaire difficile car elle utilisait des sortilèges très simples mais très déstabilisants. Ainsi, si Neville connaissait les deux premiers, il fut surpris lorsque ses mains se mirent à pivoter autour de ses poignets pour se mettre totalement à l’envers, paume de la main à la place de dos de la main.

Il perdit totalement le contrôle du duel, ne parvenant plus à envoyer de sortilège, et Alix le stupéfixa, prenant sa revanche et se qualifiant pour sa première demi-finale.

Enfin, le dernier quart de finale s’annonçait tout aussi impressionnant, Hermione avait la lourde tâche d’affronter Paul Andujar de Serpentard. Ce dernier fut largement sifflé par les J.M.P. qui en venaient presque à supporter Hermione.

L’atmosphère était devenue soudain beaucoup plus électrique et Paul, qui était impassible, commença le combat avec un maléfice Electrisant très impressionnant.

Hermione était tendue et eut beaucoup de mal à le repousser.

      Zigzek’arhnius ! riposta-t-elle, expulsant le plus fort possible son maléfice pour contenir celui de Paul.

      Maleficus colerem ! riposta Paul.

Les éclairs d’Hermione échappèrent totalement de son contrôle et se contractèrent en une boule rouge qui grésilla très désagréablement. Il y eut un sifflement assez diabolique et une lumière blanche s’en échappa.

Paul lâcha ensuite toute la puissance de son sort et Hermione fut touchée par un éclair blanc qui transperça son Bouclier de Cuivre, bien trop mince pour résister.

Elle s’effondra et Paul récupéra sa baguette, dans une ambiance de stupeur générale.

Même Mrs Bett attendit un instant avant de réagir. Paul aida Hermione à se relever, et si elle semblait sonnée, elle allait toutefois bien.

      Whaooooo ! s’écria Mrs Bett ! Quel sort impressionnant ! Pot-Pot aura de la concurrence ! Aha ! On se retrouve pour les demi-finales demain soir !

 

      Ca va ? demanda Ron, qui était livide, lorsqu’il put serrer Hermione dans ses bras.

      Oui, je crois que ça va aller, répondit-elle.

      Ne t’inquiète pas, Ron, ce sort ne lui fera pas de mal, intervint Paul, qui était venu les voir.

      Qu’est-ce que c’était ? demanda Ron.

      L’enchantement de la Colère Blanche, répondit Paul avec un clin d’œil, mais je ne vous en dis pas plus, sinon vous allez l’utiliser contre moi la prochaine fois.

 

Mais Ron oublia rapidement cette mésaventure, et Hermione semblait parfaitement remise un quart d’heure plus tard. En effet, c’était pendant le repas que Peeves et Pooves devaient rencontrer Fred et George, et venir ensuite réserver une surprise aux J.M.P.

Ron et Harry étaient surexcités, ce qui contrastait avec l’expression d’inquiétude qu’Hermione affichait sur son visage, elle était persuadée que c’était eux qui en paieraient les conséquences.

N’importe quelle personne qui aurait observé leurs expressions, aurait compris qu’ils préparaient quelque chose, et Harry se retint d’éclater en fou rire plusieurs fois pendant le repas. Il préféra alors se concentrer sur son assiette, et il décortiqua soigneusement son morceau de poulet, sous le regard étonné de Ben qui était à côté de lui.

      Qu’est-ce que tu fais ? Harry, s’étonna-t-il.

      Oh, rien, répondit Harry, d’un air évasif.

 

L’arrivée de Peeves et Pooves se fit entendre, les deux esprits frappeurs avaient poussé des hurlements de rire dans le Hall d’entrée, avant de pénétrer dans la Grande Salle en en poussant brutalement les portes.

Tout le monde leva la tête, y compris Rogue, qui s’attendait, un sourire aux lèvres, à une nouvelle dévastation de la table des Gryffondor.

Mais un concert d’explosions se déclencha alors qu’ils venaient de jeter des sortes de grenades magiques au milieu de la table réservée à la Brigade Directoriale.

En quelques instants, la table fut fracassée en plusieurs morceaux, et les J.M.P. étaient étalés par terre, couverts de plusieurs centimètres d’une suie étouffante, à la stupeur générale.

Peeves et Pooves venaient de faire rire des centaines d’élèves qui ne supportaient déjà plus l’arrogance des J.M.P. ; ils avaient déjà distribué des dizaines de punition, et les sabliers de toutes les maisons étaient déjà quasiment vides sauf celui, évidemment, de la maison Serpentard.

Rogue se leva sans plus attendre, et le silence se fit immédiatement.

      Tous les élèves viendront en retenue demain matin. Je veux voir tout le monde dans la Grande Salle à cinq heures pile. Tout élève absent ou en retard sera exclu de l’école. Que ce soit bien clair, je ne tolèrerai plus le moindre débordement dans cette école.

Le silence dura, alors que Rogue était retourné s’asseoir, pour continuer de manger son dessert. Mais malgré cette punition, tous les élèves se retenaient de rire à l’idée de voir les J.M.P. dans cet état.

Ils n’avaient jamais eu l’air aussi bêtes, couverts de suie, et semblaient attendre une aide pour réagir. Mais cette aide ne vint pas et ils s’époussetèrent lentement, lançant des regards noirs à tous les élèves qui les regardaient.

Cette image resterait gravée dans la mémoire de tous les élèves de Poudlard, et les aiderait sûrement à surmonter leurs punitions futures.

Ben, Scot, Alix et Coìlin sourirent alors discrètement à Harry et Ron, comprenant que c’étaient eux qui étaient à l’origine de cette humiliation.

 

Harry, Ron, Hermione et Ginny passèrent une nouvelle heure dans la Salle du Phénix à rechercher des informations sur la Clef de la Paix, sans succès une nouvelle fois.

 

      Bonsoir, Potter, lui siffla Rogue lorsqu’il entra dans son bureau pour un nouvel entraînement.

Il s’interrompit puis demanda brusquement :

      C’était vous ?

Harry comprit immédiatement de quoi il parlait et il n’avait aucune raison de lui cacher la vérité.

      Oui, répondit-il.

      D’accord. Je ne vais pas cacher que l’humiliation était parfaite, mais je souhaiterais que vous cessiez ce genre d’actes. Le Seigneur des Ténèbres ne supporterait pas de savoir que ce genre de choses se produit alors que je suis à la tête de l’école. J’ai parlé au Baron Sanglant tout à l’heure, et il va demander aux esprits frappeurs de cesser ces comportements.

« Je suppose que vous comprenez, il est important que la confiance que le Seigneur des Ténèbres me porte reste intacte, j’ai besoin de votre aide pour cela. Si vous souhaitez vous amuser avec ces idiots, faites-le plus discrètement.

      C’est d’accord, répondit Harry, qui comprenait très bien.

 

Harry ne progressa pas dans l’exploration de sa baguette magique. Cela faisait déjà le troisième jour de suite qu’il s’entraînait à cela, mais il n’avait pas l’impression d’avoir accompli le moindre progrès. Il se heurtait toujours à un mur auquel il était impossible de s’agripper. Mais Rogue lui rappela une nouvelle fois qu’il lui faudrait peut-être un mois pour y parvenir.

En revanche, il maîtrisait maintenant à la perfection le Bouclier de la Capsule Verticale, et cela faisait une arme de plus à sa disposition. Mais Rogue lui demanda de venir à nouveau le lendemain à la même heure pour qu’il continue à travailler la Dualomancie.

Le rythme était difficile pour Harry en ce moment, il mettait beaucoup d’intensité dans ses entraînements avec Rogue, et le soir il n’était pas vraiment très concentré lorsqu’il faisait ses devoirs. La plupart du temps, d’ailleurs, il s’aidait du travail d’Hermione, avant d’aller se coucher et de s’endormir quasiment instantanément.

 

La retenue du matin avait été difficile, se lever si tôt avait été très dur pour tous, d’autant plus qu’ils étaient épuisés en cette fin de semaine.

Pendant deux heures, Rogue leur infligea ce qui semblait être la pire des punitions pour tous les élèves, exceptées Hermione et Egogonde. Il avait demandé au professeur Binns de venir, et ce dernier leur avait présenté un cours terriblement ennuyeux et inutile sur les relations entre les Gobelins et les elfes de maison au XVIIe siècle.

Rogue avait parcouru les rangs pour s’assurer que tous les élèves écrivaient exactement ce que le professeur Binns disait, et tous ceux qui s’assoupissaient recevaient un coup de fouet de la part d’un Rusard qui semblait aux anges. C’était même à se demander s’il ne préférait pas désormais Rogue à Ombrage.

Pendant toute la retenue, Harry culpabilisa beaucoup par rapport à ce qu’ils avaient fait, et Hermione, même si elle était très intéressée par le sujet, n’avait cessé de lui lancer des regards déçus.

 

      Vous avez vu ce qui s’est passé à cause de vous ? leur dit-elle pendant le petit-déjeuner.

      Tu n’avais qu’à nous interdire de le faire, répondit Ron !

Hermione sembla outrée, elle ouvrit la bouche pour parler mais sembla se retenir. Puis, après un effort intense pour se calmer, elle dit :

      Vous êtes grands quand même, faites ce que vous voulez après tout, si vous trouvez que c’est normal de faire perdre deux heures à mille personnes qui n’ont rien demandé…

      Hermione, on ne le refera plus, répondit Harry. Une fois ça suffit, tout le monde a été content de voir la tête des J.M.P. et personne ne nous en voudrait.

Ce matin, ils avaient eu plus de temps avant leur premier cours, et Harry avait lui aussi feuilleté la Gazette du Sorcier.

Tout avait été fait pour faire en sorte que la communauté accepte Voldemort. L’article qui faisait la une expliquait qu’il n’y avait eu aucun meurtre dans toute la communauté pendant toute la semaine, et que les Aurors (ils n’osaient cependant pas encore les appeler Mangemorts) accomplissaient un très bon travail, menés par Joe Jigger et le Seigneur des Ténèbres.

Le mot « Voldemort » semblait avoir disparu du dictionnaire de la Gazette et il était remplacé depuis le début de la semaine par « le Seigneur des Ténèbres ».

Depuis cette semaine, la Gazette retransmettait aussi les tournois de duels à Poudlard, et Harry fut étonné de lire qu’il avait battu Seamus parce que celui-ci avait trébuché et était tombé en dehors de l’arène. Il lut aussi un paragraphe qui le choqua encore plus :

 

Une nouvelle victoire, certes, pour Harry Potter, mais sous les sifflets de la foule qui n’attend qu’une chose, sa défaite. Personne ne lui a pardonné les erreurs de Cornélius Fudge et de l’Ordre du Phénix, qui ont conduit à des dizaines de morts, et à la destruction de familles entières.

 

Harry reposa le journal immédiatement, il n’avait pas envie d’en lire plus. C’était terrible à supporter, il avait perdu ses parents à cause de Voldemort, et toute la communauté allait maintenant l’accuser d’avoir tué des gens alors qu’il n’avait fait qu’essayer de les sauver.

Et il ne voyait pas ce qu’il pouvait faire pour se défendre. Heureusement, à Poudlard, la plupart des élèves lui faisait encore confiance, mais il se dit que cela ne durerait peut-être pas.

Le cours de Maugrey et Mrs Bett était commun avec les Serpentard et Harry espérait que la vue des J.M.P. ne ferait pas sortir Maugrey de ses gonds.

Mais Maugrey avait décidé d’ignorer qui il avait en face, et le cours avait été très différent de ceux qu’il dispensait habituellement : il avait été beaucoup plus classique, et Maugrey n’avait stupéfixé aucun élève. En fait, il avait fait comme si il n’y avait eu aucun élève devant lui. Il avait beaucoup parlé, et le cours avait été soporifique, pas suffisamment certes pour faire regretter aux élèves les cours habituels…

Pendant une heure et demie, Maugrey avait parlé de techniques générales très utiles en combat. Il avait expliqué quelles étaient les attitudes à prendre pour ne pas montrer à son adversaire qu’on était affaibli, ou pour lui faire perdre du temps afin de pouvoir s’organiser ou souffler.

Mais on voyait que même si cela pouvait être très important, voire salvateur dans un combat, Maugrey n’était pas du genre à compter sur ce genre de manœuvres, il avait l’habitude d’agir fort pour terminer les combats le plus rapidement possible et il le fit sentir clairement.

A leur surprise générale, Maugrey les libéra pendant une demi-heure pour la récréation de dix heures, ce qu’aucun autre professeur n’avait fait jusqu’à présent depuis le début de la semaine. Cela se voyait, il était résigné, et n’avait pas envie d’en faire plus que le minimum.

Mrs Bett, elle, avait passé le cours entier à se saouler au Whisky Pur-Feu, se balançant sur une chaise au fond de la classe et rigolant toute seule.

Après la récréation, ils passèrent à une séance de pratique qui avait pour but d’améliorer leur rapidité. Des cibles magiques avaient été placées le long d’un mur. Chacune d’elles indiquait le chiffre « 1 » et lorsqu’on leur envoyait un sort avec l’incantation plussun, le chiffre qu’elles affichaient était augmenté d’un. Pour les remettre à zéro, il fallait prononcer l’incantation azero.

Maugrey leur laissait à chaque fois une minute pour envoyer le plus de sorts possibles. Lors du premier essai, Harry réussit à atteindre le score de cent cinquante trois, ce qui était mieux que tous les autres, mais il sentait qu’il pouvait s’améliorer. C’était en réalité un très bon exercice, car, au bout de ce qui devait être à peu près le vingtième essai, Harry avait réussi à dépasser le score de deux cent cinquante, soit plus de quatre sorts envoyés à la seconde.

      Bien sûr, ces sorts sont très simples, expliqua Maugrey, en combat, en réfléchissant et en réalisant des sorts plus compliqués et plus puissants, vous serez loin de ces scores, et c’est beau si vous envoyez un sort chaque seconde !

Ils s’entraînèrent ensuite, toujours par période d’une minute, à envoyer le plus d’Eclairs de Stupéfixion possible, puis de Charmes du Bouclier, puis de Boucliers de Cuivre, et enfin chacun de ces trois sorts les uns après les autres. Ils ne les avaient pas comptés, mais ils avaient tous eu l’impression de progresser.

Ces exercices étaient véritablement épuisants et ils étaient tous arrivés un peu sonnés dans la Grande Salle pour le repas de midi.

 

Avant le double cours de Potions de l’après-midi, Hermione les avait convaincus d’aller faire une sieste pour récupérer de leur courte nuit et Harry, même s’il n’était pas ravi à l’idée de perdre une heure, trouva l’idée très bonne lorsqu’il s’assoupit au son du chant de Fumseck.

Cela lui fit un bien incroyable, et il se rendit en pleine forme dans les cachots pour leur cours avec les professeurs Slughorn et Corcc. Il s’agissait de poursuivre la préparation de la Liqueur de la Providence. Harry avait déjà pris une certaine avance lors du dernier cours et la plupart de ses ingrédients étaient prêts.

Il en profita pour aider un peu Ron en lui donnant une partie de ses ingrédients et en surveillant la préparation de sa potion.

Lorsque le professeur Slughorn passa près du chaudron de Ron, à une demi-heure de la fin du cours, il s’étonna d’ailleurs que celui-ci n’ait toujours pas commis la moindre erreur. Sa potion n’était certes pas aussi parfaite que celle d’Harry, mais elle était bien meilleure que celle de la plupart des autres élèves de la classe.

Finalement, il acquiesça en griffonnant quelques mots sur son cahier et alla examiner la potion de Seamus, qui était en grandes difficultés. Lorsqu’il eut le dos tourné, Ron leva les bras en signe de victoire ce qui fit rire ses amis. Seule Hermione était restée perplexe, se disant certainement que le jour des ASPIC, Ron serait tout seul devant son chaudron…

 

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