Cours d'histoire BAC série S

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Le monde en 1945 : bilan de la guerre

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1 Une victoire coûteuse
 
1.1 Un désastre humain
 
La Seconde Guerre mondiale a fait entre 35 et 60 millions de morts. Le prix humain de la victoire de 1945 est donc trois à six fois plus élevé que celui de 1918. C’est l’ampleur même des destructions occasionnées (disparition des états civils dans les bombardements) et l’étendue du conflit (régions sans mesure statistique fiable) qui rendent le bilan chiffré délicat. Le nombre de militaires tués est exceptionnellement élevé, en particulier pour l’Allemagne (deux fois plus de soldats morts qu’en 1914-1918), l’URSS ou le Japon.
Mais il faut souligner le nombre de civils tués, qui s’élève à 52 % des pertes totales, contre 5 % pendant la Première Guerre mondiale. Entre 1939 et 1945, une victime sur deux est donc un civil. Ce bilan s’explique par l’extension des théâtres d’opération, mais aussi par le recours aux bombardements aériens pour terroriser les populations. Les raids massifs de l’aviation font 60 000 morts en Angleterre, dont la moitié à Londres, et ils tuent au moins 670 000 Japonais. La guerre est donc bien plus totale qu’en 1914.
 
1.2 Un traumatisme moral : les camps et la bombe
 
Au cœur de ce désastre humain, figurent les victimes des persécutions nazies : plus de 5 millions de Juifs et 200 000 Tziganes sont exterminés. La découverte par l’opinion internationale de cette barbarie, lors de la libération des camps, produit un choc moral qui s’ajoute à la lourdeur du bilan. La Pologne a ainsi perdu près de 18 % de sa population totale, mais ce sont quasiment tous les Polonais juifs qui ont disparu, soit trois millions de personnes en quatre ans ! Le traumatisme est immense et conduit à la définition de la notion de crime contre l’humanité. Sur cette base, les tribunaux internationaux de Nuremberg et de Tokyo jugent les responsables nazis et nippons, à l’exception notable de l’Empereur du Japon.
La bombe atomique, employée à deux reprises, les 6 et 9 août 1945 à Hiroshima et Nagasaki (110 000 morts immédiats, 370 000 morts au total à la suite des effets des radiations), entraîne la fin du conflit. Mais la bombe change le regard porté par l’humanité sur elle-même. Désormais, c’est l’ensemble de la planète qui peut disparaître, comme le souligne Albert Camus.
 
1.3 Un bilan matériel contrasté
 
La guerre a coûté très cher. Les Etats-Unis ont dépensé 206 milliards de dollars, payant 35 % des armes employées contre l’Allemagne et 86 % de celles employées contre le Japon. L’URSS a ainsi reçu un peu plus de 11 milliards de dollars d’aide, et le tiers de l’effort militaire des Britanniques a été financé par les Américains.
En retour, la richesse nationale américaine a augmenté de moitié, alors que celle de la France a diminué d’autant. La plupart des pays situés, comme les Etats-Unis, à l’écart des zones de guerre se sont enrichis (Argentine, Canada).
Le conflit a, en revanche, englouti les réserves monétaires des pays européens dont de nombreuses régions sont dévastées. L’Allemagne a particulièrement souffert des bombardements. La situation soviétique est catastrophique avec 13 milliards de dollars de dommages et 28 millions de sans-abri. A l’Ouest, la France est la plus touchée après quatre ans de pillage nazi : les besoins de la reconstruction sont immenses, mais les capitaux pour la financer manquent.
 
2 La naissance d’un monde meilleur
 
2.1 Les efforts pour garantir la paix et la prospérité
 
Dès la conférence de Dumbarton Oaks en octobre 1944, les Alliés prévoient une Organisation des Nations unies (ONU) chargée de faire régner la paix dans le monde. Après la victoire, le jugement des responsables nazis et japonais permet de définir un nouveau droit international autour de la notion de crime contre l’humanité. Il reste à faire de l’ONU un arbitre international plus efficace que ne l’avait été la SDN pendant l’entre-deux-guerres. L’ONU est dotée d’organes de représentation plus larges et d’organes de décision plus efficaces. Cependant, le rôle majeur y est réservé aux grands vainqueurs de la guerre.
Assurer la reconstruction et garantir la prospérité, telle est l’espérance du monde meurtri. 44 pays se réunissent à Bretton Woods, aux Etats-Unis, en juillet 1944. Leurs travaux débouchent sur un nouveau système monétaire international. Son objectif est de garantir la stabilité des monnaies et donc des échanges, pour éviter les désordres économiques qui s’étaient produits dans l’entre-deux-guerres. Les valeurs des monnaies sont garanties par l’or ou par le dollar, seule monnaie convertible en or. En effet, les Etats-Unis possèdent à la fois les deux tiers des réserves mondiales d’or et la plus grande puissance industrielle. Pour la première fois, l’équilibre monétaire est garanti par deux institutions : le FMI et la BIRD. Elles sont financées par les cotisations des Etats signataires des accords de Bretton Woods. Leur but est d’aider les pays en difficulté. Les Etats-Unis, premier contributeur du FMI et de la BIRD, ont une approche économique de la paix et, déjà, de la prévention contre le communisme.
 
2.2 L’avènement des superpuissances
 
Les tensions sont en effet déjà perceptibles entre les vainqueurs de la guerre, dont les troupes libèrent progressivement l’Europe de l’occupation nazie : les Américains, et leurs alliés britanniques, à l’Ouest ; les Soviétiques à l’Est. A Yalta en février 1945, Staline, Roosevelt et Churchill discutent des futures frontières de l’Europe : on ne peut pas parler d’un « partage du monde », car des élections libres sont prévues dans tous les pays. A Potsdam, en juillet-août 1945, après la prise de Berlin par l’Armée rouge, les Grands s’entendent sur le sort de l’Allemagne. Il est décidé qu’elle sera démilitarisée, dénazifiée, divisée en quatre zones d’occupation, avec une frontière orientale ramenée à la ligne Oder-Neisse. C’est une reconnaissance tacite de l’influence désormais majeure de l’URSS sur l’Europe centrale et orientale. L’URSS de Staline s’élève au rang de superpuissance, seulement devancée par les Etats-Unis qui possèdent la bombe atomique et la supériorité économique.
Aucun Etat ne peut rivaliser avec les deux Grands. Le Japon s’est effondré. Les puissances européennes, qu’elles soient vaincues ou victorieuses, sont affaiblies. L’Allemagne disparaît en tant qu’Etat, la France est épuisée, la Grande-Bretagne doit se concentrer sur ses problèmes intérieurs et  impériaux. La perte de prestige des métropoles, l’anticolonialisme affiché à Washington et à Moscou, le droit à l’autodétermination proclamé par l’ONU, tout annonce un grand mouvement de décolonisation. Des troubles se produisent dès 1945 dans les empires français (Algérie, Indochine), britannique (Inde) et néerlandais (Indonésie).
A la fin de l’année 1945, l’unité des Alliés ne se maintient plus qu’au tribunal de Nuremberg. Les observateurs les plus lucides perçoivent les signes annonciateurs de la guerre froide.
 

 

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