Philosophie pour le BAC - Terminale S

Cours 8 - L'art  

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HEGEL, Esthétique
L’art est le lien entre l’esprit et la matière, c’est la matérialisation de ce qui est spirituel. Dans ce texte, HEGEL examine l’identité de l’art et du langage qui ont en commun de vouloir produire à l’extérieur une conception née de l’esprit, c’est-à-dire de l’intérieur. Ces productions sont destinées aux autres. En revanche, l’art et le langage diffèrent par les moyens employés. Le langage est signe conventionnel et arbitraire alors que dans le domaine de l’art, l’extériorisation du contenu doit correspondre à l’intériorité des idées. L’art est spirituel car il représente l’esprit, et matériel par son contenu car il s’adresse aux sens et pas directement à l’esprit, mais au-delà de la matérialité spiritualisée du contenu, c’est la pensée elle-même qui se donne à voir.
Art = Ars = tèchnè = technique, savoir-faire, création artistique. Il y a l’artiste qui a un talent, un don particulier, il est capable de produire le beau, et l’artisan, qui possède un savoir-faire, une technique.
Comment comprendre les rapports entre l’art et la technique et comment l’artiste parvient-il à créer le beau ? Y a-t-il une spécificité de la création artistique ?
 
1. Art et technique
 
L’artiste a besoin d’un savoir-faire technique (pour le peintre : la nature des pigments, pour le musicien : l’instrument de musique). Le langage est le lien entre l’art et la technique.
L’art s’inspire des objets techniques comme la Gare Saint Lazare de MONET ou Germinal (la technique associée est la mine) et la Bête Humaine (la technique associée est la locomotive) de ZOLA. Il peut alors être difficile de distinguer l’œuvre d’art et la représentation artistique.
 
2. Spécificité de la création artistique
 
A partir de la controverse qui a opposé les Etats-Unis à BRANCUSI, on peut essayer de dégager les critères propres à l’œuvre d’art.
L’oiseau de BRANCUSI, est unique et n’a pas de fonction utilitaire, exprime un sentiment, une émotion, c’est une création. L’artiste est un créateur, mais à nuancer car à proprement parler, seul Dieu qui crée ex nihilo (à partir de rien) est considéré comme créateur. L’artiste a besoin de matériaux. De plus, il subit une influence : en littérature, le cubisme est inspiré de Balzac ; en peinture, le cubisme est inspiré de Cézanne.
Il y a une différence entre la création artistique et l’artisanat : l’artiste ne connaît pas ses propres démarches. Dans l’artisanat, il y a des règles, des méthodes. Mais l’artiste, lui, quand il commence, ne connaît pas le résultat, ne connaît pas non plus la démarche. L’œuvre d’art n’est pas la représentation mécanique, automatique d’une idée préalable : l’auteur découvre son œuvre.
On peut penser que l’artiste est capable de créer le beau parce qu’il est inspiré, parce qu’il a un don, un don divin. Pour KANT, l’artiste est celui qui possède un génie. Un génie, c’est un esprit particulier qui était donné aux hommes pour les protéger et leur inspirer des idées originales. Le génie permet de distinguer l’artiste de l’artisan. Il se définit par le talent de produire ce dont on ne peut donner de règles déterminées. L’artiste invente en même temps qu’il produit son œuvre la règle nouvelle qui organise sa progression. C’est une règle qui ne sert que pour l’œuvre elle-même. La qualité première du génie, c’est l’originalité. Ses œuvres sont des exemples pour les autres artistes mais elles ne doivent pas être des produits de l’imitation. On peut expliquer le génie : l’artiste ne peut le communiquer à autrui. Donc il disparaît avec lui jusqu’à ce qu’il renaisse chez un autre homme.
NIETZSCHE s’oppose à cette thèse : pour lui, c’est une mystification. Il dénonce l’artiste qui veut paraître mystérieux alors qu’en réalité, il travaille comme les artisans, comme les autres. 
 
3. Beauté naturelle et beauté artistique
 
Le coucher de soleil, l’arc-en-ciel, l’éclipse, l’aurore boréale, la fleur, sont des beautés naturelles, ils ne sont pas créés par l’homme.
Un portrait, un œuvre architecturale, un concert, un ballet, sont des beautés artistiques.
L’esthétique est la science qui a pour objet le beau. L’esthète est sensible au beau. On laisse de côté la beauté naturelle, ce qui semble curieux puisque souvent l’artiste s’inspire de la beauté naturelle. Pour beaucoup de personnes, l’art est une imitation de la nature et la beauté naturelle est considérée comme inégalable et supérieure à la beauté artistique.
La question de l’imitation est abordée par PLATON dans la République : pour lui l’artiste n’est qu’un imitateur qui est dangereux parce qu’il rend l’illusion attrayante et nous fait prendre l’apparence pour la réalité. 
HEGEL s’oppose à cette conception de l’art-imitation. L’artiste n’a pas pour vocation de reproduire le réel et s’il voulait le faire, son combat serait perdu d’avance. En fait l’artiste ne recopie pas le réel mais l’embellit.
« L’art, ce n’est pas la représentation d’une belle chose mais la belle représentation d’une chose. » KANT.
En fait l’artiste met en évidence la beauté, la découvre et parfois même la transgresse.
La Diseuse de bonne aventure, LE CARAVAGE
Le tableau La Diseuse de bonne aventure représente une bohémienne vêtue d’une blouse à manches larges, d’une couverture nouée à l’épaule et coiffée d’un turban. Elle lit les lignes de la main d’un jeune homme qui est élégamment vêtu. Tous deux sont représentés à mi-corps (façon traditionnelle de représenter les époux). LE CARAVAGE est un peintre réaliste : ce qui est emprunté au réel, c’est la représentation d’une scène de la vie quotidienne. On peut avoir l’impression qu’il reproduit une scène déjà vue. Pourtant, ce n’est pas une copie du réel. D’abord parce qu’il juxtapose et oppose deux personnages : ce qui est clair chez l’un est foncé chez l’autre : un est le négatif de l’autre. Les jeux de regards qui laissent croire à une relation amoureuse montrent une ambiguïté : l’aspect mystérieux de la femme qui veut voler la bague.
L’artiste moderne revendique l’art de transformer n’importe quel objet banal et de le rendre beau. Mais les artistes contemporains refusent cette solution et il se produit dans l’art comme une haine du beau. On peut expliquer cette haine de deux raisons : par le refus de l’utilisation bourgeoise du beau, et par le refus de ce qui a été fait dans les expériences totalitaires qui mettaient en avant des beautés classiques à la source de l’humanisme mais les mettaient au service d’idéaux inhumains.
Quand peut-on parler d’art ? Si le beau n’est plus la préoccupation principale de l’art, de quoi peut-il témoigner ?
Hannah ARENDT, XXe siècle : le travail négatif est différent de l’œuvre artistique, de l’action citoyenne.
 


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