Réflexions, philosophie
Voici des textes de philosophes... pour réfléchir, discuter, n'hésitez donc pas à donner votre avis sur le forum lorsque la rubrique spéciale sera créée (patience).
Voltaire, De l'horrible danger de la lecture (texte qui peut d'ailleurs être utile pour le bac de français)
A propos des évènements du mardi 23 mai 2006 le matin (lire l'article et la déclaration de M. le proviseur sur le blog (article à chercher), M. le proviseur a déclaré que l'obscurantisme est à combattre et que nous contribuons tous à cette lutte au lycée. C'est donc l'occasion d'étudier une critique de que fait Voltaire de l'obscurantisme dans ce texte :
"Nous Joussouf-Chéribi, par la grâce de Dieu mouphti du Saint-Empire ottoman, lumière des lumières, élu entre les élus, à tous les fidèles qui ces présentes verront, sottise et bénédiction.
Comme ainsi soit que Saïd-Effendi, ci-devant ambassadeur de la Sublime-Porte vers un petit État nommé Frankrom, situé entre l’Espagne et l’Italie, a rapporté parmi nous le pernicieux usage de l’imprimerie, ayant consulté sur cette nouveauté nos vénérables frères les cadis et imans de la ville impériale de Stamboul, et surtout les fakirs connus par leur zèle contre l’esprit, il a semblé bon à Mahomet et à nous de condamner, proscrire, anathématiser ladite infernale invention de l’imprimerie, pour les causes ci-dessous énoncées.
1° Cette facilité de communiquer ses pensées tend évidemment à dissiper l’ignorance, qui est la gardienne et la sauvegarde des États bien policés.
2° Il est à craindre que, parmi les livres apportés d’Occident, il ne s’en trouve quelques-uns sur l’agriculture et sur les moyens de perfectionner les arts mécaniques, lesquels ouvrages pourraient à la longue, ce qu’à Dieu ne plaise, réveiller le génie de nos cultivateurs et de nos manufacturiers, exciter leur industrie, augmenter leurs richesses, et leur inspirer un jour quelque élévation d’âme, quelque amour du bien public, sentiments absolument opposés à la saine doctrine.
3° Il arriverait à la fin que nous aurions des livres d’histoire dégagés du merveilleux qui entretient la nation dans une heureuse stupidité. On aurait dans ces livres l’imprudence de rendre justice aux bonnes et aux mauvaises actions, et de recommander l’équité et l’amour de la patrie, ce qui est visiblement contraire aux droits de notre place.
4° Il se pourrait, dans la suite des temps, que de misérables philosophes, sous le prétexte spécieux, mais punissable, d’éclairer les hommes et de les rendre meilleurs, viendraient nous enseigner des vertus dangereuses dont le peuple ne doit jamais avoir de connaissance.
5° Ils pourraient, en augmentant le respect qu’ils ont pour Dieu, et en imprimant scandaleusement qu’il remplit tout de sa présence, diminuer le nombre des pèlerins de la Mecque, au grand détriment du salut des âmes.
6° Il arriverait sans doute qu’à force de lire les auteurs occidentaux qui ont traité des maladies contagieuses, et de la manière de les prévenir, nous serions assez malheureux pour nous garantir de la peste, ce qui serait un attentat énorme contre les ordres de la Providence.
A ces causes et autres, pour l’édification des fidèles et pour le bien de leurs âmes, nous leur défendons de jamais lire aucun livre, sous peine de damnation éternelle. Et, de peur que la tentation diabolique ne leur prenne de s’instruire, nous défendons aux pères et aux mères d’enseigner à lire à leurs enfants. Et, pour prévenir toute contravention à notre ordonnance, nous leur défendons expressément de penser, sous les mêmes peines; enjoignons à tous les vrais croyants de dénoncer à notre officialité quiconque aurait prononcé quatre phrases liées ensemble, desquelles on pourrait inférer un sens clair et net. Ordonnons que dans toutes les conversations on ait à se servir de termes qui ne signifient rien, selon l’ancien usage de la Sublime-Porte.
Et pour empêcher qu’il n’entre quelque pensée en contrebande dans la sacrée ville impériale, commettons spécialement le premier médecin de Sa Hautesse, né dans un marais de l’Occident septentrional; lequel médecin, ayant déjà tué quatre personnes augustes de la famille ottomane, est intéressé plus que personne à prévenir toute introduction de connaissances dans le pays; lui donnons pouvoir, par ces présentes, de faire saisir toute idée qui se présenterait par écrit ou de bouche aux portes de la ville, et nous amener ladite idée pieds et poings liés, pour lui être infligé par nous tel châtiment qu’il nous plaira.
Donné dans notre palais de la stupidité, le 7 de la lune de Muharem, l’an 1143 de l’hégire."
Débat : la justice et la peine de mort
Cela fait plusieurs cours de philosophie que l'on dévie et se lance dans le même débat : pour ou contre la peine de mort. Ainsi, je propose ici à tous de réfléchir sur ce sujet. N'hésitez donc pas à apporter vos points de vue dans les commentaires, je les retransmettrai ici, mais s'il vous plaît, essayez de donner un point de vue réfléchi, et ne laissez pas parler seulement vos sentiments ! on pourra s'interroger par exemple sur le rôle de la justice...
Je propose donc mon point de vue ci-dessous (assez résumé) :
Le but de la justice est de rappeler à chacun ses obligations en cas de faute, de faire en sorte que la personne fautive comprenne ses fautes et ne recommence plus. Ainsi, on peut se demander si la peine de mort ne va pas à l'encontre de cette définition de la justice. En effet, le fait de condamner à la mort une personne ne résout rien. Elle ne regrettera pas son acte, et ainsi la justice ne sera que partielle, elle semblera apporter une solution pour une paix immédiate (on élimine ceux qui faillissent à leurs obligations) mais on ne cherche pas à faire comprendre le pourquoi des choses. Ainsi, la justice n'est plus justice mais répression. C'est pourquoi, même une condamnation à vie ne présente pas non plus d'intérêt, en effet, si le prisonnier n'a pas d'espoir de pouvoir retrouver une vie normale, il ne fera pas l'effort de comprendre pourquoi il a été jugé, et il ne voudra pas accepter le fait qu'il s'est trompé. Ainsi, le but de la justice étant de permettre au fautif de retrouver une vie normale et de comprendre pourquoi il a été jugé, pas de supprimer cette personne (par la peine de mort, par la prison à vie, par la torture...). Ainsi, le refus de la peine de mort peut apparaître aussi comme un refus de l'obscurantisme (voir texte de Voltaire) où on refuse de comprendre et de savoir.
Réagissez à cet article et donnez votre point de vue sur le forum lorsque la rubrique existera.